Des chercheurs asiatiques ont mis au point une interface utilisateur sous la forme de sucette pour recréer certaines saveurs en VR.
Pour le moment et depuis ses débuts, la réalité virtuelle (VR) ne fait principalement appel qu’à deux de nos cinq sens: la vue et l’ouïe. Des dispositifs comme les gants haptiques et certaines combinaisons permettent désormais d’avoir accès au toucher –façon Ready Player One– mais restent pour l’instant très marginaux. Et le goût, dans tout ça?
L’affaire est, vous l’imaginez, bien plus complexe et pose des défis considérables. Toutefois, une équipe de scientifiques basés à Hong Kong et au Japon a récemment développé une interface utilisateur innovante en forme de sucette, capable de reproduire plusieurs saveurs, selon une étude parue le 25 novembre dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) et reprise par le média en ligne Ars Technica.
Savez-vous sur quoi repose la sensation du goût humain? Il existe cinq saveurs fondamentales: le sucré, le salé, l’acide, l’amer et ce que l’on nomme l’umami. La stimulation chimique des aliments sur notre langue et, dans une moindre mesure, certaines parties de notre gorge et de notre bouche est à l’origine de ces sensations. La reproduction de celles-ci dans un environnement virtuel s’avère donc particulièrement difficile, parce qu’elle nécessite la mise au point d’une interface utilisateur physique qui puisse être utilisée en VR et fasse appel à ces mêmes stimulations.
Plusieurs méthodes ont été essayées pour cela. L’une des plus courantes est la stimulation chimique, qui consiste à appliquer directement des produits aromatisants sur la langue de l’utilisateur. Une autre, la stimulation thermique, cherche à simuler des sensations de chaleur ou de froid pour tromper le cerveau et donner l’impression de créer des sensations gustatives. Le chaud, par exemple, peut évoquer des saveurs piquantes.
Neuf saveurs proposées
Ces diverses méthodes ont toutes leurs limites, qu’elles soient techniques, sanitaires ou tout simplement liées au manque de profondeur des sensations qu’elles renvoient. Développée par des chercheurs ingénieurs de l’université municipale de Hong Kong et de l’université de Tokyo, l’interface s’apparente à l’iontophorèse, une technique médicale qui consiste normalement à faire passer une substance ionisée à travers la peau grâce à un courant électrique.
L’appareil en forme de sucette –et qui, en réalité virtuelle, représente bien une sucette– fonctionne sur le même principe. Il crée des sensations de goût en libérant des produits chimiques spécifiques qui interagissent avec les papilles gustatives des utilisateurs. Ceux-ci choisissent le goût qu’ils veulent essayer et peuvent en changer à leur convenance, par le biais de l’interface en VR. C’est encore laborieux donc, mais c’est un bon début.
L’interface que l’utilisateur pose sur sa langue est un boîtier léger en nylon, imprimé en 3D, qui possède neuf canaux qui correspondent aux neuf goûts actuellement disponibles. Ces canaux sont remplis d’hydrogels aromatisés, composés d’agarose mélangée avec un peu d’eau minérale et des essences de saveurs spécifiques. Ne vous attendez pas à pouvoir tout goûter instantanément. Pour l’heure, le panel proposé se limite à neuf «saveurs»: le sucre, le sel, l’acide citrique, la cerise, le lait, le thé vert, le fruit de la passion, le durian et le pamplemousse.
Mais à quoi cela sert-il? Les chercheurs mettent d’abord en avant les perspectives que cela ouvre pour l’immersion sensorielle en VR, mais soulignent aussi les potentiels usages médicaux pour les personnes souffrant de troubles gustatifs. Une avancée majeure, mais encore très loin de nous propulser vers un futur où la réalité virtuelle sera entièrement immersive et où vous pourrez déguster un bon burger/frites dans GTA en vous léchant les babines virtuelles.
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