En 1968, le gangster Bumpy Johnson, le « parrain » de Harlem, succombe à une crise cardiaque. Pour assurer la relève, Frank Lucas, son second et confident, se lance dans l’organisation d’un trafic inédit. À Bangkok, ses complices cachent des paquets d’héroïne dans les cercueils des soldats américains tués au Vietnam, avant qu’ils ne soient scellés et rapatriés par des avions militaires. Grâce à ce subterfuge et à sa poudre labellisée Blue Magic, plus pure et moins chère que celle des Italiens, Lucas devient le premier pourvoyeur de drogue aux États-Unis. Jusqu’à ce que sa prospérité attire l’attention du détective Richie Roberts… Ridley Scott embauche deux comédiens à la hauteur de ce scénario hyper efficace : Denzel Washington pour le rôle de Lucas, Russell Crowe celui de Roberts. Ce dernier retrouve Scott sept ans après Gladiator. Le réalisateur n’avait pas oublié que les suggestions de l’acteur australien avaient grandement contribué à améliorer son magistral péplum, sorti en 2000, aidant à relancer sa carrière Russell Crowe est fasciné par la personnalité du détective. Il se sert d’enregistrements de ses interrogatoires pour imiter sa voix : « Quand Roberts et Lucas s’affrontent, tous les coups sont permis, et la frontière entre le bon et le méchant s’estompe. Un tel rôle reflète la réalité de l’humanité. » Denzel Washington est, lui aussi, captivé par la trajectoire de son personnage : « À l’âge de 6 ans, Frank Lucas a vu son cousin se faire tuer par des sociopathes du Ku Klux Klan. Ça a façonné sa vie. Déscolarisé très jeune, il a commencé à voler, a pris le mauvais chemin et utilisé son intelligence pour devenir un maître du crime organisé, responsable de beaucoup de morts. C’est tragique, car s’il avait reçu une bonne éducation et eu de meilleures influences, Lucas serait probablement devenu un leader dans une profession légale. » Pour Ridley Scott, décrire les agissements du truand et l’enquête du flic a été un défi logistique : « Ce tournage a été le plus complexe de toute ma carrière : nous avons filmé trois cent soixante scènes, dans plus de cent quatre-vingts lieux différents, à New York et en Asie. » Détail savoureux : pendant le tournage dans la province de Chiang Mai, au nord de la Thaïlande, Ridley Scott a engagé des figurants dans les villages, dont certains étaient des vétérans ayant participé au trafic de drogue organisé par Lucas dans les années 70 ! Outre-Atlantique, les vrais Frank Lucas et Richie Roberts, octogénaires à l’époque, enrôlés comme consultants, ont prodigué des conseils avisés au réalisateur. Si l’ancien gangster a adoré se voir campé par Denzel Washington, il a admis que seule une petite partie du récit était vraie. Richie Roberts, lui, a fustigé les embellissements faits pour donner de l’ampleur au film, et déploré que Lucas ait été rendu trop noble. En dépit de ces libertés prises avec la réalité, American Gangster a été l’un des grands succès de 2007, avec 265 millions de dollars de recettes au box-office.